C’est un inspecteur
Lessard amaigri, tentant de mieux s’alimenter et de couper la cafféine, qu’on
retrouve dans cette deuxième histoire après “Il ne faut pas parler dans l’ascenseur”. Il est séparé et vit avec son
fils. La colocation ne se passe
pas sans heurts et son moral en souffre. D’autant plus que sa dernière conquête vient de lui signifier son congé.
Appelé sur les lieux
d’un drame familial où un père a massacré sa famille avant de se suicider, Lessard remarque une quantité inhabituelle de mouches dans l’appartement des
victimes. Un jeune témoin de l’immeuble
voisin dit avoir vu ces mouches et aussi un prêtre dans la cour, la nuit des
meurtres. Que venait faire un prêtre
sur les lieux du crime?
La scène a de quoi déranger
le plus chevronné des enquêteurs et Lessard ne peut empêcher des souvenirs très
personnels de refaire surface. Il
est le seul rescapé d’un coup de folie de son père qui a décimé toute sa
famille. Dans les moments de déprime de l'enquêteur, son petit frère Raymond revient à l’occasion
lui tenir compagnie; Lessard ne s’est
jamais pardonné d’avoir survécu à ce drame. Le fait d’enquêter sur une histoire similaire le remue plus
qu’il ne le voudrait et son supérieur finit par le mettre au repos lorsqu’il
veut pousser les recherches au-delà des premières constatations. La théorie des meurtres suivi du
suicide ne le satisfait pas et, se fiant à son instinct, il décide quand même de
poursuivre l’enquête avec l’aide de contacts privilégiés à l’intérieur de l’escouade. Il s’aperçoit cependant assez vite qu’il n’est pas seul
en piste.
Pendant ce temps,
son ancienne co-équipière Jacinthe Taillon, qui voue à Lessard une haine véroce depuis la mort de deux autres partenaires, essaie de
retrouver une jeune fille kidnappée en pleine rue, devant témoins. Taillon blâme Lessard pour le décès des deux policiers mais, contre leur gré, les deux
enquêteurs n’auront d’autre choix que de travailler encore ensemble.
Quels liens unissent
cette jeune femme aux membres de la famille assassinée pour que les pistes
suivies par Lessard le conduisent à sa délivrance inopinée? Les deux intrigues
sont menées de front avec aplomb sans qu’on devine leurs aboutissements. Des
personnages qui prennent de plus en plus de consistance et qu’on espère voir évoluer
encore dans d’autres épisodes. L’auteur
nous ballade d’une époque à l’autre et d’un bout à l’autre de la province avec
un grand respect de la chronologie et de l’histoire. Malgré de mineures incongruités au niveau des détails de l'enquête, Michaud démontre une grande patience dans le contrôle du récit; son écriture fluide se lit bien et se fond à l'histoire sans tenter de nous en mettre plein la vue. On en a déjà suffisamment à se mettre sous la dent.
Pour un auteur qui n'en est qu'à son deuxième roman, l'avenir est très prometteur et Michaud n'a pas fini de nous impressionner. Un autre polar réussi
pour Martin Michaud et une maison (Éditions Goélette) à suivre pour son volet “noir”.
Martin Michaud pratique le droit depuis plus de 16 ans et il tente
maintenant d’écrire à temps plein. Il vit dans le même quartier que Victor Lessard depuis plusieurs années
et aimerait remonter sur scène avec son groupe rock sous peu. Un gars bien occupé! Vous pouvez le suivre sur Facebook et le visiter virtuellement à son site.
La chorale
du diable est paru à
l’hiver 2011 et a remporté le prix du meilleur roman au Festival de St-Pacôme.
texte Grenouille Noire et JF
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