LA CHORALE DU DIABLE de Martin MICHAUD (French review)



C’est un inspecteur Lessard amaigri, tentant de mieux s’alimenter et de couper la cafféine, qu’on retrouve dans cette deuxième histoire après “Il ne faut pas parler dans l’ascenseur”. Il est séparé et vit avec son fils. La colocation ne se passe pas sans heurts et son moral en souffre. D’autant plus que sa dernière conquête vient de lui signifier son congé.

Appelé sur les lieux d’un drame familial où un père a massacré sa famille avant de se suicider, Lessard remarque une quantité inhabituelle de mouches dans l’appartement des victimes. Un jeune témoin de l’immeuble voisin dit avoir vu ces mouches et aussi un prêtre dans la cour, la nuit des meurtres. Que venait faire un prêtre sur les lieux du crime?

La scène a de quoi déranger le plus chevronné des enquêteurs et Lessard ne peut empêcher des souvenirs très personnels de refaire surface. Il est le seul rescapé d’un coup de folie de son père qui a décimé toute sa famille. Dans les moments de déprime de l'enquêteur, son petit frère Raymond revient à l’occasion lui tenir compagnie;  Lessard ne s’est jamais pardonné d’avoir survécu à ce drame. Le fait d’enquêter sur une histoire similaire le remue plus qu’il ne le voudrait et son supérieur finit par le mettre au repos lorsqu’il veut pousser les recherches au-delà des premières constatations. La théorie des meurtres suivi du suicide ne le satisfait pas et, se fiant à son instinct, il décide quand même de poursuivre l’enquête avec l’aide de contacts privilégiés à l’intérieur de l’escouade. Il s’aperçoit cependant assez vite qu’il n’est pas seul en piste.


Pendant ce temps, son ancienne co-équipière Jacinthe Taillon, qui voue à Lessard une haine véroce depuis la mort de deux autres partenaires, essaie de retrouver une jeune fille kidnappée en pleine rue, devant témoins. Taillon blâme Lessard pour le décès des deux policiers mais, contre leur gré, les deux enquêteurs n’auront d’autre choix que de travailler encore ensemble.

Quels liens unissent cette jeune femme aux membres de la famille assassinée pour que les pistes suivies par Lessard le conduisent à sa délivrance inopinée? Les deux intrigues sont menées de front avec aplomb sans qu’on devine leurs aboutissements. Des personnages qui prennent de plus en plus de consistance et qu’on espère voir évoluer encore dans d’autres épisodes. L’auteur nous ballade d’une époque à l’autre et d’un bout à l’autre de la province avec un grand respect de la chronologie et de l’histoire. Malgré de mineures incongruités au niveau des détails de l'enquête, Michaud démontre une grande patience dans le contrôle du récit; son écriture fluide se lit bien et se fond à l'histoire sans tenter de nous en mettre plein la vue. On en a déjà suffisamment à se mettre sous la dent. 

Pour un auteur qui n'en est qu'à son deuxième roman, l'avenir est très prometteur et Michaud n'a pas fini de nous impressionner. Un autre polar réussi pour Martin Michaud et une maison (Éditions Goélette) à suivre pour son volet  “noir”.  

Martin Michaud  pratique le droit depuis plus de 16 ans et il tente maintenant d’écrire à temps plein. Il vit dans le même quartier que Victor Lessard depuis plusieurs années et aimerait remonter sur scène avec son groupe rock sous peu. Un gars bien occupé! Vous pouvez le suivre sur Facebook et le visiter virtuellement à son site

La chorale du diable est paru à l’hiver 2011 et a remporté le prix du meilleur roman au Festival de St-Pacôme.

texte Grenouille Noire et JF

No comments:

Post a Comment