Frank Parrish est enquêteur à la
police de New York. Son père a été un héros de ce corps policier dans les
années 80 alors que le groupe d’élite qu’il dirigeait a réussi à bouter la
mafia hors de Manhattan. Mais Frank n’a jamais eu la stature de son père. Il
n’échappe pas au profil stéréotypé du flic qui a raté sa vie de couple, qui n’a
pas vu grandir ses enfants et qui s’adonne trop à la bouteille. Il vient de
perdre son partenaire, mort en devoir, et il doit se soumettre à une
psychothérapie car il fait l’objet d’une enquête des affaires internes. Des
séances qui lui permettent de sérieusement déboulonner son père de son piédestal.
Car les méthodes pratiquées par les anges de New York, ainsi s’appellait la
brigade spéciale anti-mafia, n’étaient pas très éloignées de celles des
criminels qu’ils pourchassaient.
Parallèlement, sa vie d’enquêteur
continue et il est chargé d’une affaire à première vue banale, le meurtre d’un
petit “dealer” nommé Danny Lange. Une fin prévisible compte tenu de la feuille
de route de la victime. Mais la mort de Rebecca, la jeune soeur de Danny, étonne
Frank. L’adolescente sans histoire est retrouvée morte dans l’appartement crade
de son frère dans un accoutrement provocant et fraîchement manucurée. Qu’est-ce
qui a pu entraîner la mort du frère et de la soeur? Parrish ne croit pas au
règlement de compte d’une affaire de drogue qui aurait mal tournée.
En fouinant dans l’entourage de
Rebecca, il découvre qu’une autre adolescente de son lycée est morte étranglée
quelques mois plutôt. Seul point commun entre les deux victimes, le Service à
l’enfance qui les avait prises en charge à une époque de leur vie. Il
entreprend alors une recherche sur tous les cas de disparition non résolues de
jeunes filles âgées de 15 à 20 ans, au cours des 24 derniers mois; car il sent
que ces histoires sont reliées et qu’un meurtrier en série sévit dans son
district.
Ellory a choisi de réutiliser un
canevas de construction semblable à celui de Vendetta*, un précédent roman où il nous livrait une histoire de la
mafia américaine époustouflante. La portion historique est à mon avis moins
réussie, peut-être parce que le personnage du père m’était carrément
antipathique. C’est l’enquête
menée par Parrish qui captive. On est derrière lui, prêt à cautioner tous ses
écarts à l’éthique, pourvu qu’il réussisse à épingler l’ordure qu’il traque.
J’espère encore lire Ellory longtemps en espérant qu’il
ne tombe pas dans la formule pré-fabriquée.
(Les Anges de New York est disponible aux Editions Sonatine)
*VENDETTA: En bref, c’est l’histoire du rapt de la fille du gouverneur de la Louisiane
et de la course contre la montre pour la retrouver vivante. Son kidnappeur, un vieux cubain, se
livre à la police et consent à les aider à condition qu’un obscur fonctionnaire
travaillant sur la mafia accepte d’écouter son histoire. Et c’est là que tout le talent d’Ellory
se déploie. Il y a eu plusieurs
romans sur le crime organisé mais aucun d’une construction aussi dense et bien
documentée. L’histoire se déroule
sur 50 ans, dans 2 pays, dix villes. Il y a des meurtres, de l’amour, des trahisons et des vengeances, tout
cela dans un style unique. Ellory
établit de nouveaux standards dans le genre policier.
· Ne pas
se lasser par un démarrage un peu lent.
· Pour
tous ceux qui ont aimé Seul le silence
·
Pour les amateurs de
récit sur la mafia
BIO: R.J. Ellory est né en 1965, en
Angleterre. Après avoir connu l’orphelinat et la prison, il devient guitariste
dans un groupe de rythm’n’blues, avant de se tourner vers la photographie.
Après Seul le silence, Vendetta et Les Anonymes, Les Anges de
New York est son quatrième roman publié en France par Sonatine Éditions. Il
a gagné le Prix des libraires du Québec pour Vendetta. Il sera invite d’honneur au festival Les Printemps Meurtriers, qui
aura lieu à Knowlton, QC, du 18 au 20 mai. Vous pourrez aussi le rencontrer à la
librairie Chapters du centre-ville de Montréal (1171, rue Ste-Catherine Ouest) le 15 mai prochain, de
midi-trente à 13 h 30.
Texte de Grenouille Noire
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