Titre original : Mr Clarinet (2006)
Traduction de : Marie Ploux et Catherine Cheval
C’est en fouillant dans ma réserve de format
poche, avant de partir en vacances, que je suis tombée sur ce titre. C’est
souvent en vacances que je prends le temps de revenir en arrière vers les
titres de la pile “quand j’aurai le temps”. Et je ne regrette pas d’avoir gardé
celui-là.
D’abord j’ai aimé le nom du détective : Max
Mingus. C’est court, ça claque, c’est efficace. Max est un ex-flic de Miami,
reconverti en détective privé ayant fait de la prison pour règlement de compte.
Il a su se faire respecter des plus durs en prison. Sandra, sa femme, a organisé
sa sortie de prison : tour du monde pendant un an avec les économies réalisées
pendant qu’il était à l’ombre, histoire de faire le vide et de repartir à neuf.
Sauf qu’à quelques semaines de sa sortie, Sandra meurt dans un accident de
voiture. Il n’y a plus rien ni personne pour lui au-delà des murs. Hormis peut-être un contrat de plusieurs millions pour retrouver un enfant disparu à
Port-au-Prince depuis plusieurs mois déjà. Un enfant parmi des centaines qui
disparaissent chaque année sur cette île oubliée des dieux. Un moyen de s’occuper
l’esprit et de se refaire. Mais si la prime est aussi alléchante, c’est que la
cause est probablement sans issue. D’ailleurs, les enquêteurs qui l’ont devancé
y ont laissé sinon leur vie, du moins quelques morceaux. Aucune rançon n’a été
demandée, alors que la famille du disparu, les Carver, constitue la plus grosse
fortune de l’île. Une fortune érigée par le grand-père Gustav de façon pas
toujours très nette et qui lui vaut bien des inimitiés.
Quel peut être le sort réservé à ces trop
nombreux enfants disparus au pays de la magie noire et de Tonton Clarinette, ce
croque-mitaine que les gamins apprennent à craindre dès leur plus jeune âge? A
moins que le vaudou et les rites sacrificiels ne servent de camouflage à une
machination plus diabolique encore.
L’histoire se déroule avant le terrible
tremblement de terre qui a ravagé Haïti en 2010. L’auteur réussit très bien à nous
faire sentir toute la misère et la précarité de la vie des haïtiens même avant
le séisme. La description de Cité
Soleil est particulièrement évocatrice. Il est difficile d’imaginer pire et
pourtant la nature s’est chargée d’enfoncer Haïti encore un peu plus…
L’auteur avance ses pions lentement et nous fait
ressentir la touffeur écrasante de l’île. On progresse dans l’enquête à son
rythme sans sauter d’étapes en s’imprégnant de la culture ambiante. Au passage,
il réintroduit un personnage inquiétant qu’il avait réussi à faire emprisonner
alors qu’il exerçait encore son métier de flic, mais qui a été libéré depuis et
qui reviendra le hanter lors d’une prochaine histoire.
Gallimard a publié au printemps dernier “Voodoo Land” (traduction de King of Swords -2007),
qui se déroule en 1981 et semble être la première aventure de Mingus, alors qu’il était toujours
policier à Miami. Tout comme Gallimard, je suis bien prête à miser sur cet
auteur. Le troisième volume de la série a été publiée en anglais cette année sous le titre Voodoo Eyes.
Nick Stone est né en 1966, d'un père historien et d'une mère issue de l'une des plus anciennes familles haïtiennes. Stone a remporté le prix Ian Fleming Steel Dagger en 2006 et le prix Macavity 2007 du meilleur roman pour Mr Clarinet. En français, Tonton Clarinette a remporté le Prix SCNF du polar européen 2009.
texte de Grenouille Noire
Nick Stone est né en 1966, d'un père historien et d'une mère issue de l'une des plus anciennes familles haïtiennes. Stone a remporté le prix Ian Fleming Steel Dagger en 2006 et le prix Macavity 2007 du meilleur roman pour Mr Clarinet. En français, Tonton Clarinette a remporté le Prix SCNF du polar européen 2009.
texte de Grenouille Noire
Un très bon thriller, et même, plus qu'un thriller: un roman qui prend aux tripes, nous instruit et nous captive. Malgré un début qui m'a paru un peu longuet, c'est une grande réussite.
ReplyDelete