DERNIÈRE NUIT À MONTRÉAL de Emily ST.JOHN MANDEL


C'est l'histoire de Lilia, 7 ans, qui par un soir d'hiver très froid, pieds nus et en robe de nuit, les bras couverts de pansements, va rejoindre son père, dehors, dans la neige. Elle ne l'a pas vu depuis plusieurs semaines mais ils ne se quitteront pas pendant plus de dix ans, tout le temps que durera leur cavale en Amérique pour échapper à la police et au détective privé engagé par la famille. Détective privé qui devient obsédé, au fil des ans, par la disparition de cette petite fille. À un point tel que sa femme le quitte et qu'il laisse sa propre fille, Michaela, livrée à elle-même avec ses rêves de devenir funambule, un héritage venu de ses parents, anciens forains qui ont bien du mal à devenir sédentaire.

Après une décennie d'errance, le père de Lilia décide que tout s'arrête au Nouveau-Mexique, et qu'il y fonde une nouvelle famille, avec la permission de sa fille. Elle essaie bien de s'habituer à cette stabilité mais s'aperçoit vite qu'elle ne peut pas s'arrêter définitivement, ni faire du "sur place". Alors elle reprend la route, seule. Elle a cependant l'impression constante d'être suivie. Elle remonte lentement vers le nord où tout a commencé. À New York, elle croise Eli, un éternel étudiant passionné de langues mortes. Lilia sort ensuite subitement de sa vie, mais lui, tombé amoureux, part à sa recherche. Une carte postale anonyme venue de Montréal lui indique la direction à suivre. Et c'est là, dans ce nord glacé, que Michaela lèvera le voile sur le passé de la fugueuse.

Un très bon roman noir. L'auteur excelle à créer ces atmosphères confinées de chambres de motels un peu miteuses, l'habitacle de la voiture, ou ces bibliothèques où se réfugient Lilia et son père pendant de brèves escales.

Quelques descriptions de la ville de Montréal et des allusions à la loi 101 sur la protection de la langue française au Québec laissent à penser que l'auteur n'a pas conservé de très bons souvenirs de son bref séjour en sol québécois. À moins qu'elle ne joue à fond la carte de l'anglophone qui se sent persécuté, pour les besoins de l'histoire.

Un récit qui néanmoins nous habite longtemps après avoir tourné la dernière page.

BIO: Emily St.John Mandel est née en Colombie-Britannique, a étudié la danse à la School of Toronto Dance Theatre, et elle a vécu brièvement à Montréal, avant de se relocaliser à Brooklyn, où elle habite présentement. Dernière nuit à Montréal est son premier de trois romans.

texte de Grenouille Noire

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